C'est une bataille intense qui se déroule dans le monde du football. Très dépendants des revenus issus des droits TV pour leur survie, les championnats et les clubs européens ont constaté ces dernières années un essor des techniques de piratage. En effet, des plateformes et des réseaux proposent la diffusion d'une multitude de matchs à des prix dérisoires, parfois même gratuitement. Cela attire de nombreux fans, qui, en plus des coûts élevés pour suivre le football légalement, doivent souvent s'abonner à plusieurs services à la fois. Si le piratage permet à certains supporters de faire des économies, il entraîne logiquement des conséquences fâcheuses pour les clubs. Récemment, en FRANCE, la LFP et de nombreux clubs ont lancé des campagnes encourageant leurs partisans à regarder le football légalement. Par exemple, l’Olympique de MARSEILLE a publié : « L’abonnement aux diffuseurs officiels est essentiel pour l’économie de l’OM. Chanter, vibrer, célébrer ensemble. Stop au piratage. S’abonner à une offre légale, c’est faire gagner l’OM. »
Mais qu'en est-il chez nos voisins espagnols ? La situation semble plus complexe et ennuyeuse pour les fans, car l'ESPAGNE est le pays où le football à la télévision est le plus cher. La plateforme Movistar détient les droits de la LIGA, partagés avec DAZN, ainsi que ceux des compétitions européennes. Un abonnement à Movistar permet de regarder l'intégralité des matchs de la LIGA et de la LDC, mais il y a deux problématiques majeures. D'abord, pour accéder à tous les matchs via le câble, il faut également s'abonner à l'offre fibre et mobile, ce qui porte la facture à plus de 105 € par mois, une somme conséquente dans un pays où le pouvoir d'achat est inférieur à celui de la FRANCE. Des abonnements moins chers existent via une application, mais ils donnent accès à un nombre limité de matchs. Une option permet de suivre 5 matchs par journée via DAZN pour 19 €, mais cela fait du football en ESPAGNE une des options les plus coûteuses, comparé à la FRANCE et au reste de l'Europe. Il convient cependant de noter qu'un match est diffusé en clair chaque week-end, et que Movistar comme DAZN offrent un contenu diversifié en dehors des matchs.
On peut donc imaginer que nos collègues ibériques ont pris l'habitude de recourir aux plateformes de piratage ou d'utiliser des réseaux sociaux d'origine russe. Une étude de novembre dernier estimait qu'un Espagnol sur trois consomme du football de manière illégale, le record en Europe. Les diffuseurs restent discrets sur le nombre d'abonnés à leurs contenus, mais une chose est claire : le manque à gagner est colossal pour eux et pour la LIGA. JAVIER TEBAS, le président de la LIGA, a révélé que son championnat perd environ 700 millions d'euros par saison à cause du piratage. Pour lui, il est impératif, pour le bien des clubs et pour qu'ils puissent rivaliser avec des ligues comme celle d'
Tebas est très engagé dans cette lutte, soutenu par les autres dirigeants de la ligue. Il a indiqué consacrer 60 % de son temps à ce combat et a adopté une approche offensive, critiquant les géants de la technologie pour leur inaction. « Google est une organisation criminelle qui collabore pour que ce délit de piratage puisse être commis », a-t-il déclaré en novembre, mentionnant aussi Cloudflare. Il est prêt à engager des poursuites contre ces entreprises si elles ne bannissent pas les diffuseurs de contenus illégaux.
Récemment, il a remporté plusieurs victoires, notamment contre DuckVision, un diffuseur de matchs pirates comptant environ 200 000 utilisateurs par mois. Cette guerre semble donc porter ses fruits, mais de nombreuses batailles restent à mener. Les consommateurs sont également ciblés, voire criminalisés. « Le voleur n'est pas seulement celui qui diffuse mais aussi celui qui regarde ou achète à bas prix. Regarder des contenus pirates, c'est voler », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux. Pour l'anecdote, lors du match LIVERPOOL-REAL MADRID, VINICIUS JR, qui ne jouait pas, avait partagé sur Instagram qu'il regardait le match sur une chaîne étrangère, ce qui est illégal. Tebas ne l’a pas épargné, s’en prenant publiquement à lui et envoyant une lettre au REAL MADRID. Il a réitéré ses menaces de sanctions pour les utilisateurs, avec des amendes de 450 € déjà infligées à certains consommateurs de plateformes pirates, signe que la situation est sérieuse.
Avec une cote de popularité en chute libre en ESPAGNE, ces mesures ne contribueront pas à redorer l'image de JAVIER TEBAS. Ses nombreuses déclarations dans les médias agacent l'opinion publique, qui trouve les prix des abonnements excessifs, surtout par rapport à d'autres pays européens. En ESPAGNE, le football à la télévision est devenu un luxe, malgré une passion intacte, comme le montrent les scores d’audience des matchs en clair. La réussite de la Kings League, gratuite, et le recours croissant de la jeunesse à des contenus audiovisuels gratuits ou plus accessibles témoignent d'un réel problème pour la LIGA et la plupart des autres grands championnats européens.