Gianluigi Donnarumma est capable du meilleur comme du pire. Le 11 mars dernier, le gardien italien n'avait pas eu grand-chose à faire face à Liverpool en 1/8e de finale aller de la Ligue des champions. Mais contrairement à Alisson Becker, qui a réalisé un match exceptionnel, Gigio n'a pas réussi à être décisif sur la seule véritable occasion des Reds (défaite 1-0). Il a alors fait l'objet de nombreuses critiques, ses coéquipiers ayant répondu présents lors de cette rencontre. Une semaine plus tard, lors du match retour, l’ancien gardien de l'AC Milan a prouvé son talent avec une performance remarquable, notamment lors de la séance de tirs au but (victoire 1-0, 1-1 au score cumulé, 4-1 aux tirs au but). Élu homme du match, l'international italien a mis les choses au clair de manière convaincante. Sentant le devoir accompli, il a rejoint la sélection italienne pour le rassemblement de mars 2025.
Après une défaite 2-1 jeudi dernier face à l’Allemagne en 1/4 de finale aller de la Ligue des Nations, la Squadra Azzurra espérait s'imposer hier soir à Dortmund lors du match retour. Cependant, les deux équipes ont terminé sur un score de 3-3 (l’Allemagne se qualifie au score cumulé). Mais au-delà du résultat, ce qui retient l'attention ce lundi matin, c'est l'un des buts encaissés par Donnarumma. À la 36e minute, alors que le score était de 1-0 en faveur de la Nationalmannschaft, un corner obtenu par les Allemands suite à une déviation de la tête du joueur parisien a été joué rapidement par Joshua Kimmich, qui a trouvé Jamal Musiala pour marquer dans les cages vides (2-0, 36e). Ce fut un moment d'inattention du gardien de 26 ans et de ses coéquipiers, qui a coûté un but. Malgré les protestations, l'arbitre a validé le but.
Après avoir fait le tour des réseaux sociaux, où Gigio a été largement critiqué, la presse a également commenté cette action incroyable. La Gazzetta dello Sport a titré : « Italie, que fais-tu ? Les joueurs s'agitent, l’Allemagne marque dans un but vide. Embarras bleu… Scène surréaliste à Dortmund : le meneur de jeu du Bayern double l’avantage avec un but ouvert dans un moment de distraction flagrant. Une action similaire avait marqué Liverpool. En 2019, lors de leur retour contre Barcelone en Ligue des champions, Alexander Arnold avait profité d'une inattention de la défense azulgrana pour passer à Origi. Cette fois, c'était au tour de l'Allemagne. Mais c'est l'Italie, notre équipe nationale, qui s'est ridiculisée… Donnarumma n’était pas revenu à son poste, se distrayant avec ses coéquipiers. L’inattention du gardien du PSG – la sienne et celle de toute l’équipe italienne – a permis à l’Allemagne de prendre l’avantage 2-0 (qui est devenu 3-0 quelques instants plus tard). Une erreur de calcul au résultat comique. »
De son côté, La Repubblica a titré « Bon sang, quelle erreur ! », évoquant le « désastre de Donnarumma ». Il Mattino a également été choqué par ce but gag : « Doublé tragi-comique de l’Allemagne ! Après un superbe arrêt de Donnarumma, alors que toute notre équipe était distraite par une discussion avec l’arbitre, Kimmich joue rapidement le corner vers Musiala, qui marque dans un but vide, car Donnarumma lui tournait le dos. Un but inacceptable. » La Rai a quant à elle choisi l’angle humoristique : « Le sommeil magnifique de l’Italie donne l’avantage à l’Allemagne (2-0) ». En ce qui concerne les notes, Donnarumma, qui a connu des moments bons et moins bons, a reçu un 5,5 du Corriere dello Sport, qui a noté : « distraction impardonnable sur le 2-0, la sienne et celle de toute l’Italie. Dommage qu'il ait été bon face à Kleindienst et à nouveau contre Kimmich. » La Gazzetta dello Sport lui a attribué un 4,5 en précisant qu'il avait été « absent sur le 2-0 » mais avait tout de même évité deux autres buts à son équipe.
Le but encaissé par le Parisien fait également parler en Espagne. AS a évoqué une « grave erreur » du gardien, déclarant : « Mamma mia, Donnarumma ! Une erreur grossière l'a empêché de réaliser un retour historique. L’Allemagne accède au Final Four avec un score cumulé de 5-4. » Mais c’est surtout en Allemagne que son cas fait polémique, d'autant plus que quelques jours auparavant, des rumeurs d'un intérêt du Bayern Munich pour lui avaient circulé. Kicker, qui lui a donné un 5 (1 étant la meilleure note en Allemagne), n'a pas été convaincu. « Le gardien italien, qui n’avait aucune chance de défendre sur le 1-0 et le 3-0, a encaissé l’un des buts les plus étranges jamais marqués sur corner dans un match international. Lors de l’action, Donnarumma semblait se lamenter plutôt que faire face. De plus, il a paru peu sûr de lui dans sa surface de réparation. Après une pause où il a été peu sollicité, hormis un arrêt sur un tir de Kimmich (82e), son plus bel arrêt avait été face à une tête de Kleindienst (36e). Le corner suivant a conduit au 2-0 mentionné plus tôt, après une interaction avec un ramasseur de balles de 15 ans, Kimmich et Musiala. »
Bild, qui lui a attribué un 6, a écrit : « Le but le plus fou de la DFB depuis des années n'était pas une coïncidence. À la 36e minute du match retour de la Ligue des Nations, Donnarumma dévie une tête de Kleindienst de manière désordonnée. Alors que Kimmich se précipite déjà vers le corner, les Italiens ne sont même pas encore alignés. Donnarumma, lui, continue de discuter avec ceux qui sont devant lui. Le ramasseur de balles, Joel (15 ans), lance rapidement le ballon à Kimmich, qui le remet à Musiala, complètement libre. Il lui suffit de pousser le ballon dans le but vide. Quel but foudroyant pour porter le score à 2-0 – et ce n'était pas un coup de chance ! » Après la rencontre, Joel a confié à Bild : « J’ai croisé le regard de Kimmich. Je lui ai tout de suite lancé le ballon. Il s’est ensuite allongé et a centré vers Musiala. »
Kimmich a ajouté : « Non, ce n’était pas une coïncidence, c’était une réaction rapide de Jamal et moi. » Interrogé sur la capacité de Donnarumma à se laisser distraire, il a précisé : « On se prépare un peu pour son adversaire. » Jamal Musiala, qui a marqué sur cette action, a déclaré : « J’ai vu que j’étais libre, j’ai établi un contact visuel avec Joel. Puis il m’a lancé le ballon, et j’ai juste essayé de bien le toucher. » Lothar Matthäus a réagi : « Je suis ici depuis longtemps, mais je n’ai jamais rien vu de tel ! » On imagine que le sélectionneur italien, Luciano Spalletti, partage ce sentiment. Après le match, l’ancien entraîneur de Naples a évoqué le but encaissé par son gardien : « On savait qu’ils pouvaient tirer les corners de cette manière. Si on ne le comprend pas et qu’on n’est pas attentifs, autant encaisser, pour que les joueurs comprennent que ce ne sont pas que des mots, mais la réalité. » Une réalité amère pour Gianluigi Donnarumma, qui aura certainement retenu la leçon.